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@SURTITRE:JEAN BERBINEAU, CONSULTANT EDI

@TITRE: EDI et reengineering

@TEXTE:Elimination des présupposés obsolètes, des règles et procédures périmées, et plus généralement de toute étape qui ne se traduit pas en valeur ajoutée pour le client. Discontinuité dans le processus de changement qui, de progressif, devient radical, partant de la racine même du métier pour reconcevoir et rebâtir l'entreprise. Intégration transversale, s'attachant à l'optimisation du transfert aux interfaces internes et externes, au delà de celle des grandes fonctions de l'entreprise, prise chacune isolément.

De son côté, le sigle EDI désigne aujourd'hui un outil technique, l'échange de données informatisé. Echange de données d'application à application, sans intervention humaine ni rupture du caractère électronique des flux entre le système d'information d'une entreprise et celui de ses partenaires, il offre un couplage où les événements qui concourent à la complète réalisation d'un échange de biens ou de services s'enchaînent aux moindres coûts et délais, ignorant les frontières externes comme internes. Son introduction amène à conduire au préalable une analyse d'ensemble des flux d'information associés aux transactions et de leurs finalités. Avec la même démarche d'élimination plutôt que d'automatisation que celle du reengineering, selon l'expression fameuse de Michael Hammer: "Don't automate, obliterate".

L'usage de l'EDI pousse à la transversalité et porte une triple dynamique. Une dynamique de partenariat dans la rigueur, d'abord. Plus les relations sont complexes, plus elles doivent se fonder sur la durée. Une information est un bien, que tous peuvent peuvent posséder sans qu'aucun en soit pour autant privé, mais dont le partage suppose un effort de compréhension mutuelle: une transmission sans erreur exclut l'ambiguïté. L'absence de toute intervention humaine ne fait qu'accentuer cette nécessité.

Ensuite, une dynamique de remise en cause et d'allègement des procédures en vigueur par réexamen de leur finalité. Enfin, une dynamique de réduction drastique des délais. La communication directe d'application à application, l'instantanéité des traitements, l'absence de rupture du caractère électronique des flux tout au long de la chaîne qui réalise une transaction complète.. tout cela change radicalement la perception qu'ont les acteurs des temps nécessaires d'exécution et leur permet d'accroître de manière déterminante leur réactivité.

Le développement de l'EDI couvre aujourd'hui assez de domaines et de fonctions pour conduire au seuil de la phase d'intégration. Il permet un langage commun qui s'enrichit par l'adoption d'un nombre croissant de messages normalisés. Leur nombre double chaque année. 170 messages avaient atteint en septembre 1993 un statut international: fonctions commerciales usuelles, transport, transactions entre banques et entreprises, formalités douanières, données fiscales et comptables, assurance, construction, tourisme, santé, social, justice, emploi. Plus deux messages génériques: statistiques, service.

Technologie "abstraite", l'EDI constitue un outil de créativité pour l'acte économique, comme les technologies "concrètes" (matériaux, par exemple) pour la conception de nouveaux produits. Processus d'innovation, il en hérite le caractère d'apprentissage d'une culture.

Par la rapidité de réaction qu'il banalise, par le décloisonnement qu'il induit, par la remise en cause radicale dont il peut être l'occasion, l'échange de données informatisé apporte une dimension nouvelle à la circulation de l'information, comme en leur temps la machine à vapeur et l'automobile à la circulation des marchandises, quand l'infrastructure ferroviaire ou routière se furent développées. Les historiens font coïncider ces révolutions techniques avec le début d'un des cycles de croissance qui régulent sur le long termes, depuis deux siècles, l'économie des pays industrialisés. Puisse l'EDI, soulevé par la vague du reengineering, sorte du ghetto technique où les utilisateurs tendent à le confiner pour émerger au niveau de la prise de décision stratégique.